L’Allumeur de réverbères

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Dans la pluie et dans la brume, j'allume, Dans la neige et le verglas, Je guide vos pas. Quand l'astre du jour de ses rayons vous baigne, Les réverbères s'éteignent." De cette façon naïve mais juste, les allumeurs de réverbères présentaient, il y a plus de 50 ans, leurs vœux aux Ucclois. C'était le temps – révolu depuis peu - où les allumeurs de réverbères passaient dans les rues, faisant renaître chaque soir la lumière dans sa cage de verre. Voici quelques années à peine, on les rencontrait encore, leur petite échelle sur l'épaule. Deux ou trois marches suffisaient pour atteindre le commutateur (il s'agissait évidemment d'éclairage électrique). Que de fois, au sortir de l'école, quand la mauvaise saison amène le crépuscule à quatre heures, les gosses n'ont-ils pas essayé d'éteindre un réverbère? Ils tentaient leur chance à deux ou à trois, faisant la courte échelle. Arrivés à hauteur de la petite boîte protégeant l'interrupteur, c'était la déception : il fallait une clé. Et revenir quelques jours plus tard avec, en poche, une vieille clé d'horloge. Nouvelle déception : la clé n'avait pas le diamètre souhaité. Vraiment, l'allumeur de réverbères était le seul magicien capable de faire obéir cette fascinante lumière, qui prenait, dans le brouillard, mille formes d'auréoles fantastiques et transformait la rue enneigée en une féerie de dessin animé, lorsqu'on voulait bien la regarder à travers les cils en fermant les yeux à demi. Quelques années plus tôt, on avait connu les allumeurs de réverbères qui, vraiment, "allumaient" la lumière en approchant du bec de gaz qu'ils venaient d'ouvrir, une petite torche dont la flamme, enfermée dans une boîte métallique percée de trous, luisait doucement au bout d’un long bâton. Et ils continuaient leur ronde, veillant à ce que tous puissent poursuivre leur chemin, une fois l'obscurité venue. Petit métier, dira-ton. Oui, mais bien important si l'on pense qu'alors les villes n'étaient point encore les nids d'enseignes lumineuses et d'éclairage routier que nous connaissons aujourd'hui.

Extrait de « Arts et Folklore de chez nous » de Robert Desart et Anne Quievrain.

Claude, un de nos fidèles, a vu après la guerre 40-45, les allumeurs de réverbères disparaître de « sa » place des Barricades.

Notre inventaire

Didier a créé sur ReflexCity un projet « Inventaire des Éclairages publics à Bruxelles » où vous pouvez dès à présent voir des images de réverbères anciens de Bruxelles, mais aussi de bien d’autres luminaires de la région.